La Ligue de l’enseignement des Amicales Laïques 44 :
Fondée en 1886, la Ligue de l’Enseignement est le point de départ de l’histoire de la Fal44. C'est un mouvement d'éducation populaire qui est aujourd'hui la première coordination associative française. Près de 30000 associations y sont affiliées, elle compte environ 1,6 millions d'adhérents et 102 Fédérations départementales dont la Fal44 fait partie. La ligue défend son engagement pour la laïcité, la citoyenneté, l’éducation et la justice sociale. Bien que le mouvement existe depuis 150ans, ses actions sont plus que nécessaires dans notre société actuelle. Au niveau départemental la Fal44 agit sur les mêmes actions et c’est donc agir sur le milieu scolaire, les milieux dits « empêchés » et tous les autres lieux où ses valeurs et ces engagements doivent être pris en compte pour refléter une société française en accord avec les valeurs qu’elle dit prôner.
Un exemple de leurs actions – La formation des délégués élèves :
La Ligue de l'Enseignement propose son aide de plusieurs manières différentes sur les domaines de la citoyenneté, l'éducation, le tourisme et loisirs, la jeunesse et la vie associative. Aujourd'hui nous voulons mettre en avant un volet de leurs actions, l'éducation. En effet dans ce domaine ils proposent notamment des formations dans les établissements scolaires. La formation des délégués est un des exemples que l'on peut citer ici. L'intérêt de cette formation est d’abord d'expliquer aux délégués élus quel sont leurs rôles dans le cadre de leur mandat. Par là, on tend à montrer à tous les membres de la communauté éducative et aux élèves l'importance des délégués. L’idée est de leur faire comprendre que leur rôle n’est pas seulement d’être un relais professeur/élèves. Aujourd'hui un délégué élève a plusieurs champs d'actions : il est à la fois le porte-parole de la classe auprès des professeurs (en cas de problème ou de conseils de classe par exemple) mais aussi après du reste de la communauté éducative. Il peut être porteur d'idées pour améliorer la vie des élèves dans l'établissement. Un des autres enjeux de ce temps est de leur donner les clés pour qu'ils soient pris au sérieux par les professeurs mais aussi les autres membres de leur établissement. Parmi ces clés on retrouve en premier lieu une aide à la communication et la posture que l’on doit tenir mener à bien ce rôle de communiquant. Cette expérience commence déjà par les recueils des opinions des élèves dont les délégués sont les représentants. Le délégué doit savoir favoriser l'opinion du groupe. Sa voix personnelle a le même poids qu'un élève non délégué. C'est sa voix de délégué qui compte mais parce qu'elle est censée être une représentation globale de l'opinion de la classe. Son rôle est aussi d'être attentif et à l'écoute envers ses camarades. S'il voit par exemple un élève en difficulté dans certaines matières il peut aller en parler avec le concerné et décider ensembles d'en parler à des professeurs si l'élève ne se sent pas capable de le faire seul. L'autre intérêt de ces formations est aussi de voir le rôle de délégué comme un premier pas en tant que citoyen intégré dans sa collectivité. C'est donc une démarche qui vise à ce que l'individu se sente impliqué et légitime à s’exprimer. C’est une problématique qu’il rencontrera régulièrement tout au long de sa vie. On se dit que plus vite un élève se rend compte de sa position et de ses droits mieux il se sentira dans sa vie citoyenne. En outre, l’action majeure de ces formations délégués élèves est de leur donner des clés pour assumer leur rôle et s’exprimer en tant que citoyen. Pour illustrer cette action, voici une photographie prise lors d'une formation se passant au collège Ernest Renand :
Interview de Florence Lacaze – Secrétaire générale de Fal-44 :
Q : Qui êtes-vous ? Florence Lacaze : Je suis Florence Lacaze, je représente la Ligue de l’Enseignement Fal-44. Je suis secrétaire générale de la fédération, c’est-à-dire que je suis à la fois directrice générale des services mais aussi élue du conseil d’administration. Q : Que représente cette association ? (valeur, but de création) F.L : La ligue de l’enseignement, la fédération des amicales laïques c’est une vieille association qui promeut la question de la citoyenneté, de la laïcité sur la base du rôle fondamental de l’éducation. Nos ancêtres ont considéré que donner le droit de vote ne suffisait pas, qu’il fallait aussi éduquer au vote pour éviter d’amener des tyrans au pouvoir. Ils ont aussi pensé qu’être libre de ses choix c’est pouvoir vivre dans le principe de laïcité, d’avoir le droit d’avoir ou ne pas avoir de religion et d’être dans cette liberté d’expression qu’implique la laïcité qui n’existait pas avant la loi de 1905. Avant, la seule religion autorisée était celle du roi. Sur la question de l’éducation, nos prédécesseurs ont aussi pensé que l’éducation se faisait tout au long de la vie, que nous avions chacun et chacune des savoir et des compétences qui devaient venir renforcer l’éducation autour et avec l’école. L’idée étant de permettre à tous de faire des choix de vie et c’est un principe encore aujourd’hui bien connu qui s’appelle l’émancipation. Q : Pourquoi faire partie de l’inter-associatif ? F.L : Parce que lorsque je vous présente ce qu’est la fédération vous comprenez que éduquer à la citoyenneté, faire société, transformer la société ça passe par nous dans la question d’agir avec les autres. Déjà nous sommes une fédération ce qui implique le faire ensemble et cette notion est très présente dans l’inter-associatif. Le sujet de ce groupe c’est de faire ensemble avec les quartiers populaires. Nos actions Fal-44 se veulent être des actions promotion de l’égalité, alors elles doivent se passer avec les habitants, les habitantes et les associations des territoires qui sont le plus en difficulté. Q : Selon vous, qu’est-ce que la politique de la ville ? F.L : C’est quelque chose qui doit faire en sorte d’améliorer la vie quotidienne des habitants et des habitantes. Les actions doivent se porter à la fois sur a qualité de vie de leur logement, de l’espace public mais aussi sur des questions d’égalité sociale pour les habitants et les habitantes. En effet on meurt plus jeunes, on est plus au chômage et on est plus soumis à des tensions fortes dans les quartiers populaires. La politique de la ville elle doit permettre à ses habitants d’avoir les mêmes droits, devoirs et égalité que les habitants et habitantes du centre-ville. L’intérêt de la politique de la ville c’est de nous permettre, à nous associations, de participer à cette dynamique-là dans nos domaines. C’est contribuer à faire du lien social, à nourrir du projet et à permettre de construire une vie meilleure aux habitants et aux habitantes du quartier au travers de l’activité associative. Q : Quel est votre rapport avec la politique de la ville ? F.L : La politique de la ville doit avoir un fonctionnement transversal et inclusif. C’est-à-dire que, contrairement à d’autres politiques publiques, elle implique le fait que l’ensemble des acteurs co-construisent la démarche de la politique de la ville. On va retrouver à la fois les collectivités, les bailleurs sociaux, les associations et un certain nombre d’acteurs qui co-construisent ensemble ce plan. L’intérêt de la politique de la ville est de pouvoir mettre un sujet autour de la table et que l’ensemble des parties prenantes contribuent à résoudre la problématique liée au sujet. C’est le point fort de la politique de la ville. Si je devais reprocher quelque chose à la politique de la ville ce serait son aspect « usine à gaz », c’est une grosse machine. C’est-à-dire qu’avant d’arriver au stade où une personne qui vit dans son quartier se rend compte de l’impact positif de la politique de la ville sur sa vie c’est très compliqué. Voilà, c’est donc plutôt la question des strates, du nombre de réunions, d’instances pour faire évoluer les choses qui sont problématique. La politique de la ville devrait pouvoir être une politique beaucoup plus réactive par rapport aux besoins des concernés. Q : De quelle manière la politique de la ville pourrait se rendre plus active ? F.L : Il faudrait qu’elle puisse donner l’opportunité aux associations d’agir dans la durée. Aujourd’hui on est sous une forme d’appels à projets renouvelables tous les ans. Cette forme-là ne suffit pas à produire une action pérenne. Le processus ça induit du temps et pour cela, on aurait besoin d’avoir des projets qui seraient construits sur trois ans, plutôt que sur une politique annualisée. La deuxième question c’est l’enveloppe budgétaire de la politique de la ville. Comment les moyens dédiés à cette démarche qui doit produire de l’égalité, sont partagés en adéquation avec les besoins des associations ? Aussi, comment les acteurs de la politique de la ville arrivent à faire en sorte que sur les autres politiques publiques, les acteurs du territoire se sentent concernés par cette politique et qu’elle ne soit pas seule à porter ces valeurs d’égalité ? Si on prend comme exemple l’accès à l’emploi. Ce n’est pas parce que la politique de la ville travaillera sur cette question que les mentalités des employeurs changeront du jour au lendemain. Pour cela, il faut vraiment une réelle transformation des mentalités pour dépasser le « plafond de verre ». Pour que ces employeurs se disent « c’est une chance » d’avoir un employé qui vient des quartiers populaires plutôt que « c’est un risque ». En ce sens, on est bien sur une transformation sociale. En ce sens la politique de la ville n’a d’intérêt que si elle rejoint une politique transversale de transformation des mentalités. Ici ce n’est pas une question financière mais un portage globale que la problématique de représentation erronée des quartiers populaires est une priorité nationale. Q : Trouvez-vous une évolution depuis que vous avez intégré le contrat de ville de Nantes Métropole (à votre échelle) F.L : Nous étions depuis très longtemps dans la politique de la ville puisqu’on participe au programme de réussite éducative de la ville de Rezé depuis 15 ans. Ce qu’on observe dans les changements c’est les évolutions de la loi qui ont fait que le contrat de ville de Nantes Métropole a évolué dans sa forme. C’est là que les associations ont été sollicitées et que nous y sommes rentrés. On a réussi à faire en sorte que les associations soient reconnues comme des acteurs au même titre que les autres sur ce contrat de ville, ce qui n’était pas le cas au début. Il y avait des conventions avec des bailleurs sociaux, l’Etat mais on ne sollicitait les associations pour être parties prenantes mais hors cadre de reconnaissance. C’est un élément important parce que notre place actuelle nous donne une légitimité de parole en adéquation avec les autres acteurs. Cette reconnaissance passe aussi par un soutien financier en réponse à la participation des associations sur la mobilisation autour du contrat de ville. Ce n’est pas la somme qui compte mais la reconnaissance du temps que les associations mettent à disposition sur le contrat de ville. En dehors de cela, nous avons réussi à faire bouger les lignes sur un certain nombre de sujets. D’abord sur l’interconnaissance des associations et de leur donner envie de mener des projets ensemble. Cela a permis aussi de faire changer les choses sur un certain nombre de domaines dont on pensait que la mise en œuvre de la politique ne correspondait pas aux besoins et aux attendus du territoire. Je pense notamment au domaine de l’accompagnement économique. C’était un sujet sur lequel on a longuement débattu considérant que ça ne venait pas répondre à la particularité de l’accompagnement sur un quartier populaire. Particularité au sens de « prendre en compte les inégalités du territoire ». Prendre les particularités du territoire adaptées à la politique publique pour que celle-ci réponde aux besoins du territoire. C’est en ça qu’on a pu évoluer, en faisant émerger des sujets qui peut-être étaient sous-jacents. Dans ce cadre-là je pense aussi aux questions de santé qui sont importantes. L’idée de remettre du participatif avec les conseils citoyens même si personnellement je suis un peu prudente sur cette question. Réunir les gens et les écouter ça ne remplit pas pour autant les assiettes. Avec la fédération nous sommes attentifs à ce que le conseil citoyen ne soit pas un masque de la politique sur la réalité sociale des familles qui, elle n’évoluerait pas en parallèle. Nous sommes un peu le « grain de sable dans la machine ». Notre rôle en tant qu’association c’est de travailler dans le cadre de la transformation et donc de pouvoir avoir une parole au même titre que les autres sur des questions fondamentales d’égalité des droits. C’est une chance parce que cette parole se veut parfois dissonante mais toujours constructive. Q : Y a-t-il un chantier ou action mise en place par la Fal-44 qui vous a marquée ? F.L : S’il y en avait qu’un alors je devrais nommer en lien avec les quartiers populaires c’est sur tout le travail qu’on fait depuis environ 8 ans sur le quartier des Dervallières. C’est un travail que l’on construit avec les habitants et les habitantes dans le cadre de la lutte contre les discriminations. Nous avons un samedi par an, au-delà du travail quotidien, dédié aux thématiques des personnes exilées, l’égalité femme/homme, l’éducation,… Ce temps est co-construit avec les habitants et les habitantes des Dervallières et je trouve que c’est un moment riche d’échange sur des sujets qui sont pas souvent abordés dans lequel on a eu des actions culturelles et trans-générationelles. Un temps où ces différentes générations échangent autour d’un poème ou d’un slam. On est bien sur la richesse d’une société qui prend en compte tous les âges de la vie pour se retrouver et voir ensemble comment on peut agir sur le quotidien. Pour moi, c’est ça travailler sur le pouvoir d’agir et le pouvoir de dire. Et au-delà de ce temps que l’on a en Mars, ça a donné lieu à une exposition qui s’appelle « La France et moi ». Elle est arrivée presque naturellement après ces années d’échanges ensembles avec les habitants et les habitantes qui ont pu exprimer leur rapport à la France, ce qu’y vivre leur a apporté au quotidien et parler du côté positif. Souvent dans les quartiers on parle que du côté négatif et le travail qu’on fait là avec cette exposition c’est de dire qu’il y a de belles et de positives choses qui se passent. L’idée était aussi de dire que ce n’est pas parce qu’on y habite pas que l’on ne pas à s’identifier à ces habitants. On vit dans le même pays où il y a une culture commune même si chacun à son histoire propre. La question avec la politique de la ville et de l’inter-associatif est de faire histoire et solidarité commune avec les quartiers populaires. Contacts : https://laligue44.org/ sguerin[@]laligue44.org 0251863306