Comment lutter contre les discriminations liées à l’origine et au territoire envers les jeunes des quartiers populaires ? Depuis 2019, Nantes s’est lancée dans une expérimentation, aux côtés de trois autres villes : Aubervilliers, Villeurbanne et Grenoble. Un nouveau réseau s’est constitué et s’organise pour agir.
Nantes Métropole et la Ville de Nantes se sont engagées dans une initiative soutenue par le Fonds d’expérimentation pour la jeunesse de l’Injep, en partenariat avec Aubervilliers, Villeurbanne et Grenoble Métropole (pilote de l’action). Si ces quatre territoires ont déjà des dispositifs de lutte contre les discriminations, ils souhaitent désormais les adapter à une meilleure prise en charge des discriminations subies par des jeunes des quartiers populaires.
« A Nantes, le réseau d’acteurs de vigilance et d’accompagnement contre les discriminations (Ravadis) se compose de professionnels des services publics, mais aussi d’associations militantes, explique le sociologue Thomas Kirszbaum qui a analysé les réseaux d’acteurs des quatre territoires. Ainsi, les groupes qui vivent des discriminations participent au réseau. Pour autant, les populations des quartiers populaires n’y sont pas représentées. L’expérimentation peut permettre de corriger cette lacune en inventant de nouveaux points d’accroche avec les quartiers. »
L’étude de Thomas Kirszbaum émet des préconisations. Elle fera l’objet d’un échange avec le Ravadis d’ici fin 2021 pour interroger le rôle et le fonctionnement du réseau.
Dès 2020, un groupe d’acteurs jeunesse contre les discriminations a été créé. Plusieurs temps de formation et d’échange ont permis à ce nouveau réseau de se structurer. En octobre 2020, les professionnels de ces différentes structures ont participé à une formation avec Olivier Noël, sociologue et chercheur à l’Iscra (Institut social et coopératif de recherche appliquée). Objectif : mieux comprendre le système de production des discriminations. En mars 2021, l’association Formes-Actions a proposé une approche socio-juridique dans le cadre de formations animées par l’avocate Myriame Matari. Loin de rester dans la théorie, ces temps ont ouvert le dialogue sur les expériences professionnelles des participants et des participantes, des situations concrètes où la discrimination peut surgir au milieu de la complexité des projets et des partenariats.
Comment dénouer ces nœuds pour agir ? C’était l’objet du troisième temps de formation de juillet 2021. Les acteurs jeunesse élaborent des ressources. Quelques pistes : rédiger une charte, réaliser une campagne d’affichage. Ces outils doivent pouvoir être ré-utilisables par d’autres professionnels de la métropole et ils seront présentés aux acteurs des autres villes impliquées dans l’expérimentation dans le cadre d’un partage d’expériences.
« Il s’agit d’entendre et d’accompagner les personnes discriminées, de tirer les enseignements de leurs expériences pour transformer les pratiques professionnelles et prévenir les discriminations, résume Myriame Matari. Cette dimension de prévention des discriminations doit s’articuler avec l’accueil de la parole des victimes lorsqu’elles se manifestent et leur accompagnement. Sinon, les victimes risquent de basculer dans des trajectoires de rupture. »
Jusqu’en 2022, l’expérimentation continue avec pour finalité de redonner confiance à la jeunesse des quartiers populaires.
Contacts : mission.egalite@nantesmetropole.fr ou philippe.rigollier@nantesmetropole.fr